Né en 1963 à Paris, Yves Pagès a été pion, veilleur de nuit, libraire, pigiste, magasinier, thésard, vacataire à l’Université Paris­ 8 (Saint-­Denis), pen­sionnaire à la Villa Médicis (1996­-97), etc.

Comme écrivain, il a publié une dizaine d’œuvres de fiction, La Police des sentiments (Denoël, 1990), Les Gauchers (Julliard, 1994), Plutôt que rien (Julliard, 1995), L’homme hérissé, Liabeuf tueur de flic (L’Insomniaque, 2002 ; Baleine noire, 2009) ; et aux éditions Verticales Prière d’exhumer (1997), Petites Natures mortes au travail (2000 ; Folio, 2007), Le Théoriste, (2001, Prix Wepler), Portraits crachés (2003) et Le Soi­-disant (2008). Il a aussi publié divers textes courts dans des revues et journaux – NRV, TIJA, Les Inrockuptibles, La Quinzaine littéraire, R de Réel, Inculte… – ou au sein d’ouvrages collectifs – Douze et amères (Fleuve noir, 1997), Doubles jeux (Seuil, 2000), Lettres de ruptures (Pocket, 2002) ou L’Entreprise (La découverte, 2003).

Auteur d’un essai Les fictions du politique chez L.­-F. Céline (coll. « Univers historique », Seuil, 1994), il a également conçu l’appareil cri­tique de plusieurs recueils d’écrits politiques : Le Rétif — articles de Victor Serge parus dans l’anarchie, 1909-­1912 (librairie Monnier, 1989), Sorbonne 68, graffiti (Verticales, 1998) et Carnet de route de l’in­cendiaire du Reichstag (en collaboration avec Charles Reeve ; Verticales, 2003). Outre des articles universitaires sur Louis Guilloux, Victor Serge ou Céline, il a collaboré occasionnellement à diverses revues de pensée cri­tique, notamment Lignes, Vacarme ou Il Manifesto, ainsi qu’à des essais collectifs : Le Siècle rebelle (Larousse, 1999) ou La France invisible (La Découverte, 2006).

De sa complicité (comme dramaturge, assistant artistique et même comédien) avec le metteur en scène François Wastiaux, sont nés six spectacles depuis vingt ans : quatre adaptations – Les Carabiniers, 1991, Les Gauchers, 1993, Labo­-Lubbe, 2005 et Portraits crachés, 2006 – une pièce créée au Festival d’Avignon – Les Parapazzi (Solitaires intempestifs, 1998) et une « vraie-­fausse conférence » audiovisuelle : Pouvoir Point (2008, en association avec le graphiste Philippe Bretelle). Entre­temps, outre plusieurs fictions radiophoniques pour France Culture, il a co-­scénarisé le moyen­-métrage de César Vayssié (Elvis de Médicis, 1998), signé le livret d’un oratorio pour le compositeur Luis Naón (Sainte­-Nitouche, la fille ni bien ni mal, 2002) et co­écrit le spec­tacle à la fois filmique et scénique du metteur en scène Benoît Bradel (L’invention de la giraffe, 2004).

En 1998, il a rejoint le directeur littéraire Bernard Wallet, six mois après la création des éditions Verticales, pour le seconder au quotidien. Au fil des années, il a pris goût à cette aventure éditoriale dont il assume désormais l’entière responsabilité avec Jeanne Guyon (depuis le départ en retraite de son fondateur). Parmi les auteurs qu’il a contri­bué à découvrir, on compte Pierre Senges, Philippe Adam, François Bégaudeau, Jane Sautière, Jean­Louis Magnan, Patrick Chatelier, Frédéric Ciriez, François Beaune, Noémi Lefebvre ou Hélène Frédérick… Il a également tenu à remettre en lumière les œuvres de Grisélidis Réal et de Jean­-Luc Hennig, tout en accompagnant dans leur parcours des auteurs venus d’ailleurs – Claro, Nicole Caligaris, Arno Bertina, Sylvie Gracia, Jean-Charles Massera – ou en prenant le relais auprès des historiques de la maison : Arnaud Cathrine, Olivia Rosenthal ou Maylis de Kerangal.

En 2009, il a consacré beaucoup de son énergie à imaginer l’arbores­cence du site archyves.net avec Philippe Bretelle et Alexandre Mouawad.