Chez Laure Prouvost, le texte, les images, les sons, les objets veulent toujours être « plus ». Rien n’est normal, rien n’est seulement ce qu’il est sensé être. Tout est en cours de transformation, de traduction, en train de se perdre, d’être raconté et ressenti. Ce rapport particulier aux choses, elle l’évoque comme étant l’une des raisons qui l’ont poussée vers l’art. Une difficulté initiale avec les mots et, surtout, l’envie de les utiliser de façon imaginative, à travers un langage artistique qui permet de voir et d’imaginer ce que l’on ne voit pas. Ces phrases, tantôt agressives, drôles, douces, et tantôt « goût framboise », reviennent de façon récurrente dans ses films et dans ses installations.

Laure Prouvost joue avec l’autorité. Elle aime dire qu’elle ne montre rien, que c’est à nous de tout imaginer et cite volontiers Marcel Broodthaers : « Je ne crois pas au cinéma, pas plus qu’à un autre art. Je ne crois pas non plus en l’artiste unique ou en l’œuvre unique. Je crois à des phénomènes et à des hommes qui réunissent des idées ».
Le langage de Laure Prouvost est intraduisible, car ce sont précisément les malentendus ou les moments où la langue fourche qui l’intéressent.

Française expatriée à Londres depuis une quinzaine d’années, elle a vu le potentiel de ses erreurs de traduction et des moments de confusion. Dès 2007, avec la vidéo Owt réalisée avant son entrée au Goldsmiths College, elle utilise les sous-titres et sa propre voix de façon à souligner des glissements de sens : c’est le langage des commentateurs de l’art et du cinéma que Laure Prouvost désarticule avec humour.

Céline Kopp sur www.zerodeux.fr

 


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2014 – HD vidéo – 8’44 minutes